Une nouvelle ambition industrielle !

Publié le par Philippe BLET

http://francoishollande.fr/assets/Uploads/_resampled/SetWidth600-emploi-industriel2.jpg750 000 emplois industriels ont été détruits en dix ans (Libération  25 & 26 février 2012).  Des milliers d’autres sont menacés comme à Florange actuellement. La désindustrialisation de la France se poursuit.  

 

Pourtant « La France n’a à priori aucune raison de se désindustrialiser massivement. Elle présente un environnement normalement favorable au développement de l’industrie : une main-d’œuvre qualifiée, des infrastructures développées, une énergie peu chère…. »

 

Patrick Artus et Marie-Paule Virard, les auteurs de l’ouvrage « La France sans ses usines » (Fayard) pose ce constat qui ne peut que nous interroger sur les raisons du déclin industriel de notre pays. Un déclin bien réel puisque sur les trois dernières années seulement, près de 100 000 emplois industriels ont été supprimé et 880 usines ont été fermées. Chaque disparition est une souffrance pour des centaines de famille.

 

La part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% en 1980 à 14% en 2008. Depuis 2000, la France est passée d’une position d’excédent commercial régulier à celle d’importateur net (www.vie-publique.fr).

 

Pourquoi l’industrie française décroche-t-elle ? Par quoi avons-nous remplacé nos usines ? Quelles en sont les conséquences ? Comment faire, aujourd’hui, pour réindustrialiser notre pays ?

 

Les questions sont nombreuses. Les réponses doivent nous permettre de comprendre la situation, les mécanismes qui sont en jeu et les possibilités de retrouver une nouvelle ambition industrielle.

 

«  Le leurre d’une transition vers une économie de services semble aujourd’hui avoir disparu et l’industrie est de nouveau perçue comme source essentielle de la croissance économique, pourvoyeuse d’emplois pérennes… Même aux Etats-Unis, berceau mondial des nouvelles technologies, ce secteur est en effet de trop petite taille (4% des emplois) pour absorber les emplois détruits dans l’industrie manufacturière. » (La France sans ses usines).

 

Les délocalisations ont participé à cette hémorragie. Pour autant certaines entreprises, trop peu nombreuses, reviennent : « Elles ont cédé aux sirènes de la délocalisation puis, déçues, ont fait demi-tour. ATOL, Smoby, Eugène Perma, Rossignol, Majencia, ou encore Geneviève Lethu font partie des rares entreprises qui ont relocalisé leur production en France. Victimes de malfaçons ou de contrefaçons, lassées des délais à rallonge, du manque de flexibilité et de réactivité, plombées par le coût du transport, elles ont fait leurs calculs et ont jugé plus rentable de revenir » (Marianne du 7 janvier 2012).

 

Au-delà de quelques exemples, le mouvement reste, pour l’heure, très faible. Les 200 millions d’euros de prime à la relocalisation seulement 77 millions d’euros ont été alloués à 20 projets. Il reste donchttp://clementberardi.files.wordpress.com/2011/11/sans-titre-indus.png?w=188&h=300 123 millions à attribuer. Avec 0,2% des emplois créés depuis 2009, les relocalisations sont bien loin de pallier les dégâts des délocalisations.

 

« L’amaigrissement irrésistible de l’industrie provoque une baisse du niveau de qualification de la main d’œuvre et de la sophistication des emplois, entraînant l’ensemble de l’économie et de la société dans une spirale infernale. Puisque la qualification des emplois baisse, les salaires moyens prennent le même chemin et, dans cet environnement de stagnation salariale, le crédit est utilisé pour soutenir la consommation » (la France sans ses usines).

 

Un des enjeux est de faciliter l’essor des entreprises de taille intermédiaire et l’export. L’appareil productif français se compose de grands groupes mondiaux : 219 entreprises de plus de 5 000 salariés en 2007, contre 221 en Allemagne. Malheureusement, nous comptons relativement peu d’entreprises de taille intermédiaire (entreprises de 250 à 5 000 salariés). Ces ETI sont au nombre de 4 510 en France, contre environ 10 000 en Allemagne.

 

Le nombre d’emplois dans le secteur industriel (industrie et BTP) sur la Côte d’Opale s’élève à 48 500 pour 2 595 établissements. Les effectifs les plus importants se trouvent à Dunkerque avec entre autre l’énergie et la métallurgie (CCI le Mag. mars 2012). Lors de la cérémonie des vœux de la CCI CO, son président Jean Marc Puissesseau a déclaré «  Chacun sait que le Nord-Pas-de-Calais en général et la Côte d’Opale en particulier sont la voiture balai en ce qui concerne la création d’entreprises. » (Nord Littoral 18 janvier 2012).  

 

Dans ce combat pour maintenir l’activité et créer des emplois sur le Calaisis, j’ai mis en place le fond de soutien à l’innovation industrielle. Ce fond a été utile à l’entreprise Meccano et a permis de relocaliser sa production. Tioxide en a aussi bénéficié et bientôt Shaeffler.

 

A l’échelon national, d’autres idées peuvent permettre de défendre notre système productif et empêcher que des filières entières disparaissent complètement d’un territoire, à l’exemple de celles développées dans l’une des notes de la Fondation Jean Jaurès (N° 41 – juillet 2004) :

 

  • Combattre les fermetures abusives
  • Maintenir l’activité alors même que l’entreprise se retire par la recherche d’un repreneur
  • Maintenir l’activité par intervention directe de l’état
  • Traiter les conséquences des licenciements économiques notamment par la sécurisation des parcours professionnels

 

http://www.decitre.fr/gi/76/9782221131176FS.gifDans « Changer de destin » (Robert Laffont) que vient de publier François Hollande, il indique que «  Vouée aux dogmes d’un libre-échangisme excessif, appliqués de manière pour ainsi dire religieuse, l’Europe a fait preuve d’une candeur coupable sur le marché mondial…l’Europe et donc la France ont exposé à une concurrence déloyale une partie de son appareil productif. » Il en appelle judicieusement à un « patriotisme industriel ».

 

Le patriotisme industriel est un « rappel à la réciprocité et à la règle du juste échange : les produits fabriqués sans le respect des normes sociales en environnementales et sur une concurrence déloyale ne peuvent entrer en Europe sans restriction. »

 

Il n’est pas question de protectionnisme mais bien d’un pacte productif  « qui mobilise toutes les forces : entreprises, partenaires sociaux, état et collectivités locales sans oublier le secteur financier. »

 

Il s’agit d’une politique de ré industrialisation offensive qui passera par « la réhabilitation du travail manuel, par la promotion du savoir technique, par l’apprentissage, par l’ouverture de l’école et de l’université sur l’industrie, par l’aide aux PME qui se développent, par l’instauration de nouveaux mécanismes de financement assis sur la Banque publique régionale d’investissement que je créerai dès mon élection ».

 

Cette nouvelle ambition industrielle, je la partage et notamment pour le Calaisis.

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<br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> Puis-je me permettre de vous proposer une perspective d'amélioration des conditions de compétitivité des PME de notre littoral ? Il s'agit<br /> d'une formule qui est étudiée avec attention par Kent Invicta et Locate in Kent de l'autre côté du détroit. Il s'agit de permettre aux entreprises du Kent de<br /> travailler à 360° (en doublant leur zone de chalandise aussi bien pour les achats que pour la commercialisation) grâce à la possibilité disposer de compétences techniques et linguistiques, en<br /> provenance de la région calaisienne. Il s'agit, en effet, de pouvoir disposer de techniciens et cadres qui pourront faire du commuting journalier à travers le détroit. La raison est simple :<br /> pour référencer des produits dans des circuits de distribution tels que Carrefour et Auchan, il est quasiment obligatoire de disposer de commerciaux francophones qui connaissent bien la<br /> psychologie des chefs de rayon. Un Britannique aura beaucoup de mal de défendre ses produits. Il existe, bien sûr, pour ces entreprises une alternative qui est de créer une filiale en France,<br /> mais cela est souvent trop onéreux pour les PME. Pour mettre en place les conditions d'un commuting journalier, il y a lieu de mettre en place des conditions logistiques adaptées (cf le métro<br /> transmanche) ainsi que les conditions de facilitation des différents aspects légaux et pratique. Ce service particulier est d'ailleurs proposé par la maison transfrontalière…<br />
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